Quand le confinement rend le 450 encore plus séduisant
01 juin 2020Même si les activités immobilières ont repris depuis peu, un nouveau type d’acheteur semble débarquer dans le décor : l’urbanus confinum fatiguare ; soit, en termes vulgarisés, le citadin confiné privé de cour qui commence à prêter l’oreille aux sirènes des banlieues. L’isolement n’est certes pas l’unique élément déclencheur de cette tendance (un tel exode s’observe déjà depuis plusieurs années, et fut particulièrement saillant en 2019), mais il semble ajouter du poids dans la balance.
« Beaucoup de gens ont trouvé ça dur d’être à l’intérieur, plusieurs clients me le disent. Certaines personnes de Montréal, ou d’autres vivants en condo sur la Rive-Sud, veulent plus d’espace et cherchent un terrain, une cour », rapporte Micheline Lapierre, copropriétaire de l’agence Garcia & Lapierre, officiant à Longueuil et dans les alentours. Elle précise que sa propre fille et son conjoint, très attachés à Montréal, ont fini par ajouter la banlieue sud dans le champ des achats possibles après avoir passé le confinement en appartement. Nous l’avons contactée pour en savoir plus.
« On regarde quand même à Montréal aussi, mais c’est sûr qu’avec le confinement, ça nous a fait réfléchir. On commence à faire nos recherches sur la Rive-Sud alors que jusqu’à maintenant, ce n’était pas du tout une option », confirme Rachel Claude, actuellement locataire d’un 4 1/2 dans le Sud-Ouest. Les deux membres du couple travaillant dans l’île, le choix n’est pas facile. Surtout qu’il y a une question de budget dans le décor — quelque 350 000 $ dans ce cas — et que leur propriété idéale serait un petit bungalow avec cour. Ils ont ainsi lorgné des condos avec cour à Verdun, mais se sont vite trouvés confrontés aux tarifs pimentés montréalais. « Les prix augmentent à vue d’œil, déplore Mme Claude. Sur la Rive-Sud, on pourrait en avoir beaucoup plus pour notre argent. »
Une tendance ?
L’exode vers les banlieues était déjà observé ces dernières années, mais le confinement pourrait-il amplifier le mouvement ? Pour Charles Brant, directeur du service d’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), il est un peu tôt pour se prononcer à ce sujet. Il remarque cependant que les activités du secteur reprennent plus vite en banlieue, notamment en Montérégie, qu’à Montréal, où l’on observe une hausse des nouvelles inscriptions de copropriétés à vendre.
On pourrait y voir un signe avant-coureur d’un phénomène qui pourrait favoriser les banlieues.
Le télétravail s’invite
Un autre facteur qui pourrait bien brouiller les cartes : l’implantation du télétravail, inoculé dans de nombreuses entreprises par l’épidémie, pourrait bien s’y perpétuer après la mort du virus. Dès lors, les longues heures dans la circulation ne seraient plus autant à même de décourager les travailleurs des villes qui refusent de migrer en banlieue.
« Les gens se rendent compte qu’ils peuvent travailler à distance. Ça pourrait être aussi un facteur supplémentaire pour envisager d’aller vivre en périphérie », souligne Charles Brant, de l’APCIQ, secondé par le courtier Louis-Charles Ménard.
Les premiers signes de ces déplacements anticipés vers les périphéries s’inscriront-ils dans le long terme ? Difficile à prédire, mais l’évolution du marché dans les prochains mois permettra de mieux cerner la tendance.